Description
Ce petit tableau en apparence modeste s’inscrit dans la prestigieuse tradition du portrait équestre, « réservé » aux princes, seigneurs et chefs de guerre, ayant assez de fortune et de temps libre pour pratiquer l’art équestre, dans le but de guerroyer ou de chasser. Pour ne citer que les plus célèbres réalisations peintes ou sculptées : le Marc Aurèle romain (175 ap. JC), le Colleone de Verrochio à Venise (fin XVème), le Charles Quint du Titien (vers 1547), le Duc de Lerma de Rubens (1603), etc. Notre cavalier se retourne pour faire feu de son mousquet, évitant de blesser et d’étourdir le cheval à la tête. Cette arme, arrivée vers 1550, capable de transpercer une armure à 80 mètres, rend le port de l’armure obsolète. Inconvénient, elle est très bruyante, dégage un nuage de fumée (visible ici). Autant de perturbations qui imposent un niveau équestre élevé aux deux combattants. De fait, leur complicité se lit d’une part, dans l’assiette du cavalier (qui ne tient les rênes -détendues !- que d’une main, malgré le bond au galop du cheval), d’autre part, dans les postures dans la même direction et le regard particulièrement présent, humanisé de la monture.
La Renaissance est passée par là avec son goût de la perspective, de la représentation tridimensionnelle exprimant mieux le réel. La représentation en trois-quart, plutôt que de profil. Typiques des XVI et XVIIèmes siècles, les proportions cheval / cavalier : le cavalier dépasse d’une tête seulement sa monture petite, ronde et musclée, qui s’inscrit dans un carré. On parle alors de modèle « baroque », comme dans l’art. Le cheval doit impressionner autant par sa fougue que par sa beauté…